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Santé mentale des jeunes : génération en détresse ou génération en quête de sens ?

En 2025, un quart des jeunes Français se disent dépressifs. Un chiffre brutal, presque irréel. Pourtant, derrière les statistiques, se cache une réalité vécue quotidiennement par des milliers de jeunes : une souffrance psychique silencieuse, diffuse, mais bien réelle. À l'heure où le gouvernement fait de la santé mentale la grande cause nationale, il devient urgent de comprendre ce qui ne va pas… mais aussi de redonner du sens et de l'espoir à cette génération trop souvent résumée à son mal-être.

Le malaise d’une génération

 

« Je ne me sens plus à ma place, je ne sais pas ce que je veux faire, et j’ai l’impression d’être en échec même quand je réussis », confie Mathilde, 22 ans, étudiante en licence.

 

Ce témoignage, loin d’être isolé, résonne avec les chiffres récemment publiés par l’Institut Montaigne, la Mutualité Française et l’Institut Terram : 25 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans présentent aujourd’hui des symptômes dépressifs en France.

Sondage publié le mardi 2 septembre dernier. 

 

Mais au-delà des chiffres, une question persiste : qu’est-ce qui abîme autant la santé mentale des jeunes aujourd’hui ?

 

Crises multiples, repères brouillés

Depuis la pandémie de COVID-19, le malaise des jeunes semble s’être enraciné. Christophe Tzourio, épidémiologiste, le résume ainsi dans Le Monde :

 

« Une société d’adultes s’est protégée en demandant aux jeunes de sacrifier leur jeunesse, sans jamais reconnaître la souffrance que cela a causée ».

 

À cela s’ajoutent des pressions scolaires, la précarité étudiante, des difficultés d’insertion professionnelle, et un climat d’incertitude générale : économique, sociale, climatique. Dans ce contexte, beaucoup de jeunes peinent à se projeter sereinement dans l’avenir. Le monde adulte leur paraît incohérent, voire injuste.

 

En parallèle, les réseaux sociaux jouent un rôle ambivalent : s’ils peuvent créer du lien, ils amplifient aussi les comparaisons, les injonctions à la réussite, et exposent les plus fragiles au cyberharcèlement. Résultat : 45 % des adolescents présenteraient des signes d’anxiété, et 40 % des symptômes dépressifs, selon l’Institut Ipsos.

 

Un manque de sens plutôt qu’un manque de volonté

Contrairement à ce que certains discours simplistes laissent entendre, les jeunes ne sont pas "fragiles" ou "démotivés". Beaucoup cherchent activement un sens à leur vie, à leur futur métier, à leur place dans le monde.

Ce que disent les jeunes aujourd’hui, c’est : "je veux contribuer, pas simplement produire". Ils souhaitent un emploi qui ait du sens, un environnement respectueux, des liens authentiques. Ils réclament une école et une société qui les écoutent, et non qui les pressurisent ou les infantilisent.

 

Pour beaucoup, c’est le manque de repères structurants, la solitude, le manque de reconnaissance qui provoquent le mal-être, plus que l’angoisse de travailler. Une enquête publiée sur info.gouv.fr, le 17 juillet 2025 souligne d’ailleurs que 60 % des jeunes ressentent un manque d’écoute et de soutien psychologique. 

Ce qui bloque encore l’accès aux soins

Malgré des efforts notables (comme le dispositif Santé Psy Étudiant ou le numéro 3114), l’accès à un suivi psychologique reste souvent trop lent, mal connu, ou inégal selon les territoires. En zone rurale ou en Outre-mer, la pénurie de professionnels est flagrante.

 

Par ailleurs, le tabou autour de la santé mentale reste fort. Beaucoup de jeunes n’osent pas consulter, de peur d’être jugés ou incompris. Ce silence aggrave la souffrance, et empêche une prise en charge précoce. La prévention reste encore le maillon faible du système.

Des pistes concrètes pour aller mieux

Redonner de l’espoir aux jeunes, ce n’est pas une mission impossible. Cela suppose de sortir des réponses médicalisées systématiques, pour aller vers des solutions humaines, globales et co-construites avec eux.

D’abord, en repensant l’école et les études comme des lieux d’épanouissement, pas seulement de compétition. De nombreuses voix militent pour des espaces de parole, des ateliers bien-être, des temps de respiration au sein des parcours éducatifs.

 

Ensuite, en facilitant l’accès à des consultations gratuites, rapides, et proches des lieux de vie des jeunes. La plateforme Improva, actuellement testée, en est un bon exemple : elle vise à prévenir les troubles dès le collège.

Mais il faut aussi aller plus loin : revaloriser les métiers du soin psychique, renforcer la formation des enseignants, intégrer la santé mentale dans les politiques sociales, éducatives et territoriales. Et surtout, faire des jeunes des acteurs de leur propre santé mentale, en leur donnant les moyens de participer aux décisions qui les concernent. 


Une génération en quête d’espoir

La santé mentale des jeunes en 2025 est une alarme, mais elle peut aussi devenir un tournant. Car derrière la détresse, il y a une soif de changement, une recherche de sens, une envie de construire autrement.

En les écoutant, en les soutenant, en investissant pour leur bien-être, nous ne faisons pas que les "aider" : nous investissons dans l’avenir de toute la société.

Comme le résume si justement l’auteur Nicolas Truong :

 

« La jeunesse n’a pas besoin qu’on la rassure, elle a besoin qu’on lui fasse confiance. »

Pour aller plus loin :

 

  • Numéro d’écoute 3114 (gratuit, 24h/24)

  • Numéro en cas d'harcèlement ou cyberharcèlement 3018 (gratuit, 7 jours sur 7 de 9H00 à 23H00, application téléchargeable sur les smartphones permettant un chat sans appel)
  • Plateforme Santé Psy Étudiant : santepsy.etudiant.gouv.fr

  • Dossier gouvernemental complet : info.gouv.fr

  • CESE / Terram / Mutualité Française – Rapport 2025

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