Mon ado touche à la drogue : que faire ?

Les chiffres qui interrogent

39% des adolescents de 17 ans ont déjà fumé du cannabis au moins une fois en France, selon les dernières données de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).

 

Cependant, la situation s'améliore. La consommation au cours du mois des élèves de 3ème est passée de 11,1% en 2010 à 3,9% en 2021, et entre 2014 et 2018, la France est passée du 1er au 10ème rang en Europe en matière de consommation au cours du dernier mois par les adolescents de 15 ans.

Les types de drogues prisés par les adolescents aujourd'hui

Selon les données de l'OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), plusieurs substances sont consommées par les jeunes :

Les substances les plus répandues :

  • L'alcool est la substance la plus fréquemment consommée par les adolescents, 57% des jeunes de 15 ans interrogés en ayant bu au moins 1 fois
  • 32% des jeunes de 15 ans ont utilisé une cigarette électronique
  • 12% des jeunes de 15 ans ont déjà consommé du cannabis
  • 3% des jeunes de 17 ans scolarisés en lycée général ou technologique ont déjà consommé une drogue illicite autre que le cannabis

Les nouvelles tendances :

 

  • L'usage de la cocaïne concerne désormais 1,1 million de Français (11-75 ans) et 750 000 pour l'ecstasy/MDMA
  • 450 nouveaux produits de synthèse ont été répertoriés en France depuis 2008, dont 17 en 2023

Le cannabis crée-t-il une dépendance ?

Dépendance physique et psychologique 

La précocité de l'expérimentation et la consommation régulière accroissent les risques de dépendance. La dépendance au cannabis présente plusieurs aspects :

Dépendance physique : Elle se traduit par des symptômes physiques de sevrage à l'arrêt (agitation, irritabilité, anxiété, céphalées, perturbations du sommeil, troubles digestifs, etc.)

Dépendance psychologique : C'est essentiellement la dépendance psychique, plus durable, à l'origine de l'envie répétée de reprendre du cannabis, qui constitue une limite à l'interruption des consommations

Vulnérabilité adolescente

 

Jusqu'à environ 25 ans, le cerveau est dans une phase de maturation. Les études montrent que la consommation de cannabis à l'adolescence entraîne des perturbations cognitives, physiologiques et comportementales d'autant plus délétères et persistantes que les consommations sont précoces.

Les retentissements sur la vie de l'adolescent

Impact scolaire

L'usage de cannabis dans un temps marqué par les apprentissages impacte durablement les trajectoires éducatives et socio-professionnelles. La prise de cannabis entraîne des troubles de la concentration et altère la mémoire à court terme utilisée pour réfléchir, lire, écrire, calculer.

Impact familial et social

Une consommation soutenue peut conduire à un désintérêt pour les activités habituelles (désinsertion scolaire, voire sociale), à une fatigue physique et intellectuelle, à des difficultés de concentration et de mémorisation et à une humeur dépressive.

Impact sur la santé mentale

 

L'usage de cannabis peut également précipiter la survenue de troubles psychiatriques (anxieux, dépressifs, syndromes psychotiques).

Que dit la justice ?

En France, le cannabis reste illégal, mais les sanctions ont évolué.

Les sanctions encourues

Depuis le 1er septembre 2020, une amende forfaitaire de 200€ a été mise en place. La possession du cannabis, même en faible quantité, est considérée légalement comme un délit avec des peines pouvant aller jusqu'à 1 an d'emprisonnement et/ou 3750 euros d'amende.

Pour les mineurs

 

Pour les mineurs, les mêmes restrictions légales s'appliquent. Le plus souvent, des peines alternatives sont décidées : stage de sensibilisation, point sur la consommation du jeune.

Comment savoir si votre ado consomme ?

Les signes d'alerte

Il est important de repérer les changements chez son enfant : une tendance à s'isoler, une baisse de ses résultats scolaires, un changement dans son rapport à l'argent ou encore une baisse d'appétit peuvent indiquer que quelque chose ne va pas.

Les signaux comportementaux

 

  • Changements dans le groupe d'amis
  • Modification des habitudes de sommeil
  • Altération de l'humeur
  • Détérioration des relations familiales
  • Désinvestissement des activités habituelles

Que doit faire le parent ?

Première approche

Le plus important est de lui dire que l'on voit bien que quelque chose a changé et que l'on est là pour lui. Pour un parent, il est essentiel de ne pas culpabiliser ou de se replier sur soi si son enfant consomme.

Maintenir la communication

Avec un ado, l'important est de rester présent, sans l'étouffer, sans être intrusif et de maintenir le lien. En préservant des espaces de communication en famille – par exemple autour de repas partagés et sans écrans, de sorties, de jeux –, on peut évoquer tous les sujets, comme le cannabis.

Éviter les écueils

 

  • Ne pas dramatiser ni banaliser
  • Éviter les jugements hâtifs
  • Ne pas fouiller en permanence
  • Maintenir un dialogue ouvert

Comment en parler à l'ado ?

Choisir le bon moment

  • Privilégier un moment calme
  • Éviter les moments de tension
  • Parler quand l'adolescent n'est pas sous l'effet du produit

Adopter la bonne attitude

  • Être à l'écoute sans juger
  • Poser des questions ouvertes
  • Exprimer ses inquiétudes sans culpabiliser
  • Montrer sa disponibilité

Informer objectivement

 

Présenter les risques réels sans exagération, en s'appuyant sur des informations fiables et scientifiques.

La cocaïne : une menace croissante chez les jeunes

 

Une consommation en forte augmentation

Le nombre de consommateurs ayant expérimenté la cocaïne a été multiplié par quatre ces 20 dernières années. L'usage au cours de l'année concerne désormais 1,1 million de Français (11-75 ans) pour la cocaïne.

Un pouvoir addictif redoutable

60 à 80% des consommateurs de cocaïne deviennent rapidement dépendants. Le risque de dépendance et les effets somatiques associés à la prise de cocaïne peuvent apparaître dès la première prise ou pour un usage même occasionnel.

Les effets sur l'adolescent

Effets immédiats :

  • Sensation extrêmement intense d'euphorie et d'augmentation des performances intellectuelles
  • Sentiment de confiance, d'énergie et d'hypervigilance
  • Bavardage excessif et réduction de la fatigue

Risques sanitaires graves : Sa consommation peut entraîner de nombreuses complications sévères pouvant aller jusqu'au décès : troubles neurologiques, cardiologiques ou vasculaires, respiratoires, psychiatriques, infectieux, dermatologiques, ORL.

Impact sur le développement adolescent

Conséquences psychosociales :

  • Décrochage scolaire et social
  • Altération des relations familiales
  • Le cocaïnomane doit consommer non plus pour prendre du plaisir, mais pour soulager sa souffrance psychique
  • Risque accru de comportements à risque et de violence

 

Évolution vers d'autres substances : La cocaïne peut être consommée en association avec d'autres drogues, souvent l'alcool et la marijuana, accentuant les risques.

Signes d'alerte spécifiques

 

  • Hyperactivité suivie de phases d'abattement
  • Troubles du sommeil et de l'appétit
  • Irritabilité et agressivité
  • Changements d'humeur extrêmes
  • Problèmes financiers inexpliqués

Cannabis et la loi pour les adolescents

Le cadre légal général en France

Le cannabis n'est pas légal en France. Il est considéré comme un produit illicite, classé stupéfiant au niveau international.

La loi française distingue trois infractions principales :

  • La consommation (usage)
  • La possession (détention)
  • Le trafic (vente, distribution)

 

Le consommateur est assimilé au possesseur.

Les sanctions pour les mineurs

Responsabilité pénale des mineurs

Au regard de la loi, un mineur devient pénalement responsable à partir de 13 ans. Mais jusqu'à 16 ans, ce n'est que très exceptionnellement qu'un tribunal va prononcer des sanctions pénales qui ne peuvent dépasser de toute façon la moitié du maximum de la peine encourue par un adulte.

Peines théoriques

La peine encourue pour un usage simple de stupéfiants est théoriquement d'un an de prison et 3750 euros d'amende.

Cependant, s'il s'agit d'une première fois, le Procureur décide le plus souvent d'une mesure alternative aux poursuites, par exemple une orientation vers une structure de soin, éducative ou d'insertion sociale ou un stage de sensibilisation aux dangers des stupéfiants.

 

Mesures alternatives privilégiées

La loi et la pratique judiciaire permettent de choisir, plutôt qu'un procès et des sanctions, des mesures alternatives comme le "rappel à la loi", "l'obligation de soins", "l'injonction thérapeutique", "la composition pénale", "le classement sans suite". Avec un mineur, ce sont ces alternatives qui seront certainement préférées à toute autre possibilité, sauf cas exceptionnel.

Le problème de l'amende forfaitaire

 

Depuis septembre 2020, une amende forfaitaire de 200€ peut être dressée pour usage de stupéfiants, mais pas pour les mineurs.

Protection renforcée des mineurs

Sanctions aggravées pour les adultes

Le fait de céder ou d'offrir des stupéfiants à des mineurs pour leur consommation personnelle est puni de 10 ans de prison au lieu de 5 ans (article 222-39 du code pénal).

Toute personne qui encourage directement un mineur à faire usage de stupéfiants est punie de 5 ans de prison et 100 000 € d'amende. Si le mineur a moins de 15 ans ou si cela a lieu dans ou à proximité d'un établissement scolaire, la peine est portée à 7 ans de prison et 150 000 € d'amende.

Interdictions spécifiques

 

La loi condamne la provocation à l'usage et au trafic : il est interdit d'inciter à la consommation, même en portant un tee-shirt sur lequel est dessinée une feuille de cannabis. Les peines sont plus lourdes lorsque l'incitation atteint un jeune mineur.

Responsabilité des parents

Les parents qui ont connaissance d'un usage ou d'un trafic de stupéfiants de la part de leur enfant ne seront pas poursuivis s'ils ne le dénoncent pas. Cependant, aux yeux de la loi, les parents deviennent complices d'un trafic de stupéfiants s'ils bénéficient en connaissance de cause des produits de ce trafic.

 

Le parent du mineur risque également 2 ans d'emprisonnement et 30 000 € d'amende s'il a compromis la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de son enfant mineur.

 

Les nouveaux produits de synthèse (NPS) : un danger méconnu

Qu'est-ce que les NPS ?

Les "nouveaux produits de synthèse" (NPS) sont apparus à la fin de la décennie 2000 pour qualifier un vaste ensemble de nouvelles molécules synthétiques imitant les structures chimiques et les effets de drogues illicites traditionnelles comme le cannabis, la MDMA ou la cocaïne.

L'ampleur du phénomène

Depuis 2008, 450 NPS (nouveaux produits de synthèse) ont été répertoriés en France, dont 17 en 2023. En 2018, au total, environ 300 molécules sont recensées en France.

Les types de NPS les plus répandus

Les cannabinoïdes de synthèse :

  • Les cannabinoïdes de synthèse continuent de constituer le type de NPS le plus fréquemment consommé
  • 1,3% des 18-64 ans déclarent en avoir déjà fumé, ce qui représente 3% des expérimentateurs de cannabis

Qu'est-ce que les cathinones de synthèse ?

Les cathinones sont une famille de substances de synthèse dérivées de la cathinone naturelle (un des principes actifs du khat). Elles imitent plus ou moins les effets de la cocaïne, de la MDMA/ecstasy et des amphétamines.

Pourquoi "imitent les effets des amphétamines" ?

  1. Structure chimique similaire : Les dérivés de la cathinone sont les β-céto (βc) analogues d'une phénéthylamine correspondante, ce qui les rend proches chimiquement des amphétamines.
  2. Effets stimulants identiques : Les cathinones de synthèse sont consommées pour leurs effets stimulants : sensation d'euphorie, bien-être, vigilance accrue, tachypsychie, excitation motrice, empathie
  3. Mécanisme d'action : Les dérivés de la cathinone substitués sur le cycle auraient des effets similaires à ceux de la cocaïne, de l'amphétamine ou de la MDMA (ecstasy)

Les plus répandues en France

Les plus connues sont la 3-CMC, la 3-MMC, la méphédrone, la 4-MEC, la MDPV, et l'alpha-PVP.

Pourquoi sont-elles "les plus représentées" ?

  1. Deuxième famille la plus présente : Les cathinones de synthèse sont la deuxième famille la plus présente sur le marché des NPS après les cannabinoïdes de synthèse
  2. Disponibilité croissante : Les principales cathinones utilisées sont les dérivés MMC (70 %), en consommation régulière (au moins hebdomadaire) (80 %)

Dangers spécifiques pour les adolescents

Dépendance rapide : L'usage de cathinones peut entraîner une forte dépendance. La faible durée des effets et la forte anxiété qui suit les prises provoquent un fort craving (envie irrépressible de consommer à nouveau)

Population touchée : Les consommateurs de cathinones sont surtout des hommes (90 %), âgés majoritairement entre 18 et 34 ans (55 %), plus jeune que la population

 

Risques graves : Les effets sont essentiellement psychiatriques (troubles du comportement), neurologiques (troubles de la conscience) et des effets cardiovasculaires. De plus, 31 décès ont été rapportés en 2022–2023

Effets particuliers sur l'adolescent

Complications aiguës : Une intoxication aiguë aux cannabinoïdes de synthèse peut se caractériser par des troubles cardio-vasculaires, digestifs, ou pulmonaires, comme de la tachycardie, des crises convulsives, des difficultés respiratoires, des hallucinations visuelles et auditives.

 

Complications somatiques : Les complications somatiques aiguës sont d'ordre neuropsychiatrique (hallucinations, paranoïa, amnésie, insomnie, mouvements anormaux…), vasculaire (IDM, Takotsubo, HTA, AVC, syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible…).

Signes d'alerte pour les NPS

  •  Comportements erratiques et imprévisibles
  • Hallucinations visuelles et auditives
  • Troubles cardiaques (palpitations, douleurs thoraciques)
  • Convulsions ou tremblements
  • Hyperthermie ou hypothermie
  • Confusion et désorientation

Quelles aides pour les parents ?

Structures d'accompagnement

Les parents peuvent également être reçus sans le jeune concerné dans les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC). Ils sont organisés par les Centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) y compris sous la forme de consultations avancées dans d'autres types de structures dont les Maisons des adolescents ou les Points accueil écoute jeunes.

Lignes d'écoute

  • Drogues info service : 0 800 23 13 13 (7j/7, 8h-2h, gratuit et anonyme)
  • Écoute cannabis : 0 980 980 940 (7j/7, 8h-2h, gratuit et anonyme)
  • Fil santé jeunes : 0 800 235 236 (7j/7, 9h-23h, gratuit et anonyme)

Groupes de parole

 

Des groupes de parole sont organisés qui réunissent des parents confrontés à la consommation de drogue ou d'alcool de leurs enfants.

Quelles aides pour le jeune ?

Consultations spécialisées

Les Consultations jeunes consommateurs (CJC) sont proposées dans tous les départements. Elles s'adressent aux jeunes consommateurs, permettent de faire le point sur leurs motivations et leur proposent une prise en charge adaptée.

Points d'accueil

Les Points accueil et écoute jeunes (PAEJ), présents un peu partout en France, sont des lieux neutres et bienveillants où les adolescents peuvent être accueillis.

Accompagnement psychologique

 

Un suivi psychologique peut être proposé pour aider le jeune à comprendre les raisons de sa consommation et développer des stratégies alternatives.

En conclusion

Face à la consommation de drogues chez l'adolescent, qu'il s'agisse de cannabis, cocaïne ou nouveaux produits de synthèse, la clé réside dans l'équilibre : ni dramatiser ni banaliser, mais accompagner avec bienveillance. Il est impératif de mieux informer les jeunes et les adultes qui les entourent et de constituer un environnement plus protecteur pour les adolescents.

 

L'objectif n'est pas de contrôler mais d'accompagner, de maintenir le lien et de proposer des alternatives constructives. Des professionnels sont là pour vous aider dans cette démarche.

 

Sources principales : MILDECA, OFDT, OMS Europe, Santé publique France

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