Dans le cerveau de mon ado...

L'adolescence est une étape développementale de changements majeurs : neurologiques, psychologiques, physiques, hormonaux, sociologiques et sexuels. Dons les turbulences sont inévitables. Quand doit-on s'inquiéter ? Quels sont les signes d'alertes et que faire ? 

Le rôle du cerveau à l'adolescence

Le cerveau adolescent joue un rôle particulier dans les comportements. Les neuroscientifiques parlent souvent de l'adolescence comme la période de la deuxième "poussée de croissance" du cerveau.

D'un côté, ils ont un système limbique plus ou moins mature, qui leur permet d'avoir des amis, de décoder les émotions chez les autres, de comprendre leur comportement...  Sur le plan cognitif, leur cerveau est de plus en plus performant grâce à de nombreux neurones qui vont  relier des aires cérébrales éloignées entres elles. De plus, la vitesse de conduction de l'influx électrique entre les neurones augmentent ce qui permet d'accélérer la circulation de l'information d'un bout à l'autre du cerveau. 

 

Et  d'un autre côté, les structures pré-frontales sont encore très immatures. 

Ceci explique le non contrôle de leurs propres émotions, la non possibilité de certains raisonnements ou une réflexion parfois limitée. Il faut attendre 25 ans environ pour que ces zones deviennent complètement matures.

La capacité à gérer le stress

Cette aptitude signifie que vous êtes capable de trouver des moyens efficaces de réguler vos émotions quand vous ressentez un sentiment de peur, d'anxiété, de colère, de peine...  

Personne ne peut s'empêcher d'avoir peur  ou de stresser par exemple. C'est un instinct de survie qui existe chez tous les mammifères. 

 

Par contre, vous pouvez trouver quelqu'un de votre entourage pour vous aider à vous calmer. C'est pourquoi, nous recherchons souvent des appuis, des conseils, du réconforts pour s'apaiser. Certaines personnes vont ajouter à cela, un verre d'alcool, une cigarette, de la nourriture... pour arrêter la douleur psychologique. 

 

De nombreux adolescents réagissent mal au stress. Ils se conduisent de manière immature quand ils y sont exposés et réagissent comme des petits enfants en explosant de colère par exemple. Ils ne peuvent pas réguler leurs humeurs parce que le lobe frontal (qui assume aussi le contrôle des pulsions) est encore en construction. La colère peut s'accompagner de menace ou d'attaques verbales... les fameux "gros mots" qui choquent les parents et restent longtemps dans leur tête. 

Certains adolescents prennent l'habitude de se réfugier dans l'alcool ou la prise de drogue pour gérer leur stress. 

Le danger vient quand cela devient régulier. 

 

D'autres adolescents gèrent leur stress en se scarifiant. Le plus souvent parce qu'ils n'ont pas la capacité de faire le deuil de situations douloureuses. 

Ils peuvent aussi souffrir de léthargie,  ce qui signifie qu'ils n'ont pas d'énergie émotionnelle ou de dynamisme pour vivre des expériences agréables. Leur désir n'est pas suffisamment fort.  

 

Dans le cerveau des adolescents, le système d'alarme reste activé plus longtemps que chez l'adulte : ce qui signifie qu'ils ont une réaction prolongée au stress. Ils ont aussi des taux de cortisol (hormone du stress)  plus importante que les adultes. Les oestrogènes et la testostérone, rendent également les filles plus sensibles durant cette période. 

 

Ce sont les principales raisons pour lesquelles les adolescents gèrent si mal le stress et peuvent souffrir d'anxiété profonde, de dépression ou d'agressivité. Et c'est également pour ces raisons que le taux de suicide ou de tentatives de suicides est si important chez les jeunes. 

 

Que pouvons-nous faire ?

Fondamentalement il est très difficile d'enseigner la régulation du stress qui subviendra au moment de la crise. Pourtant, plus l'adolescent sera en face d'adultes capables d'autorégulation et plus ils feront preuve d'apaisement et de meilleure gestion des émotions. Rester calme face à ses tempêtes émotionnelles est donc le premier pas pour l'aider. 

 

Concrètement, il est important de comprendre que l'ado en crise va mal et que vous n'y êtes (pas souvent) pour quelque chose. 

Dites-vous que c'est "lui qui va mal" même s'il est en train de vous traiter de "sale ...". 

A vous d'être un adulte qui régule correctement ses émotions, qui fait preuve de distanciation et de discernement. Rester calme quand il explose et ne pas "prendre ses attaques verbales" pour soi. Les parents doivent montrer l'exemple (même si cela est parfois difficile) de la façon de rester stable en cas de stress. 

 

Quand l'adolescent est de nouveau apaisé, vous pouvez reprendre avec lui ce qui a déclencher sa réaction, quel stress, contrariété, frustration a été à l'origine de cette crise ? 

Puis vous pouvez écouter avec empathie ce qu'il a à dire, reformulez ces propos sans jugement, tentez de comprendre. Mettez des mots sur ses maux. 

C'est grâce à cette écoute empathique que vous permettrez de nouvelles connexions synaptiques de se développer dans ses lobes frontaux. Vous allez l'aider à établir progressivement sa régulation émotionnelle. 

 

Chaque interaction adulte-ado positive, apaisante et valorisante, permet un développement cérébral optimum : 

  •  pour établir des voies nerveuses descendantes, essentielles pour la gestion du stress, des voies venant du lobe frontal et se connectant aux parties plus instinctives du cerveau. 
  • pour développer les systèmes pro-sociaux dans le cerveau 
  • pour réguler les systèmes cérébraux et somatiques
  • pour diminuer les effets négatifs du stress dans le cerveau 
  • pour améliorer  significativement le fonctionnement du système immunitaire. 

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