Mon ado m'énerve

La période de l'adolescence peut être difficile à vivre pour certains parents. Ils sont pourtant très informés sur les transformations de leur enfant et pourtant...entre le savoir théorique et la pratique il reste encore un grand écart. En effet, il ne suffit pas de cumuler des informations sur l'adolescence, il reste à trouver une bonne distance entre chacun, à élaborer une relation nouvelle.

Et si l'adolescence de votre enfant réveillait aussi quelque chose chez vous ? Consciemment ou non ? 

 

Si les premiers signes de l'adolescence arrivent discrètement  (vous ne trouverez pas de gros changement un matin en vous réveillant),  notre regard de parent les enregistre avec satisfaction : "Il a bien grandit", sans que l'on réalise : "Il n'est plus un enfant". 

En même temps que le changement physique s'opère, tout un chamboulement psychologique arrive ! 

 

Leur corps change, leurs goûts changent, leurs habitudes changent... et même leurs amis peuvent changer !

 

Il y a tellement de changements que cela entraîne parfois de l'irritabilité, de l'énervement ou même de l'agressivité. 

 

Cette période signe le moment de la fin d'une période tranquille. Et  non, vous n'êtes plus cette maman super héros capable de soulever des montagnes, ou ce papa adulé et affublé de "trop génial". 

Votre enfant vous regarde d'un autre oeil... plus critique, plus interrogatif. Et il veut des réponses à ses questions. Il ne se contente plus du fameux :"Je t'expliquerai plus tard, quand tu seras grand".


Et là, le parent d'adolescent traverse... lui aussi une crise moins connue. 

1. L'heure des renoncements

A l'adolescence de nos enfants, nous avons tous à faire le deuil de certains de nos rêves, nos idées ou projections.

  • Votre enfant n'est plus : "votre tout petit" (même s'il le restera parfois secrètement au fond de votre coeur, vous ne pouvez plus le lui dire). 
  • Votre enfant "idéal" n'est pas tout à fait comme dans vos projections : il vient d'arrêter de jouer au piano, il n'a plus envie d'aller au lycée et souhaite arrêter ses études, il se trouve timide et manque de confiance en lui. Et notre déception est aussi à la hauteur de notre investissement affectif et psychique. Nous lui reprochons alors de nous avoir déçu. 
  • Vous n'êtes plus "l'idole" de votre enfant, vous n'êtes plus "tout" pour lui. Nous tombons de notre piédestal et parfois brutalement. Il va se rapprocher de ses pairs "nouveaux copains" et tenter de s'identifier à eux : avec un nouveau look, de nouvelles musiques, un nouveau langage ou de nouvelles pratiques comme les jeux vidéos en ligne. 
  • Avec cette nouvelle appartenance, l'adolescent va peut-être être moins "raisonnable" et tenter des nouvelles expériences que vous pourrez qualifier de petite ou grosse "bêtise". Vous avez l'impression que vous n'avez pas élevé votre enfant "comme ça". 

Le travail de séparation doit s'accomplir, c'est normal et c'est même sain... mais cela peut se faire dans la douleur et la difficulté. L'adolescence de notre enfant nous bouscule donc au plus profond de nous, à un moment ou à un autre. 

2. Non à la culpabilisation

Pourtant, il ne s'agit pas de douter ou de culpabiliser. Oublier sa propre adolescence fait partie du processus psychologique normal. Dans notre vie, nous passons d'une étape à une autre avec de nouvelles interrogations, préoccupations ou difficultés. Faire l'effort d'un retour en arrière nous coûtera d'entrer dans nos souvenirs, d'accéder à nos émotions parfois refoulées. 

Pour cela, nous devons nous réconcilier avec nous-même, avec nos choix et notre vécu tout en restant le plus fidèle et authentique possible. 

Les adolescents ressentent "inauthenticité" : ne trichez pas, ne tentez pas d'embellir votre adolescence. Souvenez-vous des premiers boutons sur votre visage, de votre corps qui change, de vos bouderies, colères ou disputes avec vos propres parents.

En acceptant cette authenticité, votre adolescent se sentira davantage rassuré et compris : "Papa aussi a voulu arrêter ses études, mamie l'a motivé", "Maman a fréquenté un groupe peu recommandable, grand-père m'a tout raconté".

3. Non, vous n'avez pas raté son éducation !

J'entends souvent des parents me dire : "Mais qu'est-ce que l'on a loupé ?"; "Qu'est-ce que j'ai fait comme erreur ?"; "J'ai mal élevé mon enfant"... 

Et si la réponse était : non ? Vous n'avez rien loupé, vous n'avez pas fait d'erreur et vous n'avez pas mal élevé votre enfant. 

 

Etre parent d'adolescent c'est tout d'abord "lâcher prise" et laisser passer, sans réagir excessivement, sans essayer de retenir l'enfant comme s'il était tout petit, de le voir déjà plus grand qu'il ne l'est en réalité... C'est aussi accepter de s'entendre dire : "T'es nul(le)", "J't'aime pas", "J'ai envie de vivre ailleurs"... Des petites phrases qui font mal au coeur et qui bouleversent. 

 

Et pourtant, lâcher prise ne veut pas dire abandonner ! Votre enfant ou plutôt votre adolescent a (encore) besoin de vous ! 

Il a accès à de nombreuses informations par les médias, internet, les réseaux sociaux et si vous le trouvez physiquement suffisamment grand pour se renseigner "tout seul", il est encore bien immature et il a besoin de vous sentir fort à ses côtés. 

 

4. Une place à réinventer

Pour certains adolescents l'autorité ne va pas de soi !

Ils ont besoin de tester, de l'éprouver pour en trouver la solidité. 

"Il veut un téléphone portable en 6e", "Il demande à sortir tous les week-ends", "Il ne rentre pas à l'heure fixée et oublie de vous prévenir", "Il ne sort plus de sa chambre et reste scotché sur son téléphone"...

L'autoritarisme ne sera pas efficace, les punitions non plus. Elles vont juste apprendre à votre ado à vous mentir, à ne plus se "faire surprendre" la prochaine fois, à éviter d'être puni(e).

Mais restons ferme et le capitaine à bord du navire ! : "Les règles de la vie de famille sont pour le bien de tous", "Elles correspondent à nos valeurs", "Elles sont cohérentes et respectueuses de chacun et nous sommes les garants du bon fonctionnement de notre famille". 

Les adolescents n'aiment pas les limites et ils cherchent à les contourner mais ils ont aussi besoin de se sentir protégé et en sécurité, et notre autorité les rassure.

 

Pour garder confiance en nous : tentons de rester leur modèle. Et oui, même si vous n'êtes plus sur un piédestal, votre ado vous observe et s'imprègne peu à peu de votre façon d'être. "Vous êtes d'un naturel joyeux", "vous êtes sportif ou dynamique", "Vous avez de l'ambition et vous sortez régulièrement des sentiers battus", "Vous vous battez contre une maladie grave et vous faîtes preuve de courage", "Vous venez de perdre votre travail mais vous croyez en vous et vous ne baissez pas les bras pour rebondir" ? 

Vous n'êtes pas parfait et vous le savez mais vous avez de grandes qualités que vous savez mettre en avant.

 

Tenez vos engagements et vos promesses : "Vous avez décidé que la soirée s'arrêtera à minuit, vous l'attendrez à minuit en bas de chez ses amis et il devra venir"; "Il n'a pas respecté ses engagements ? Vous avez le droit de ne plus lui accorder la même sortie la prochaine fois mais prévenez le à l'avance". Au contraire, il arrive à minuit pile dans la voiture ? Insistez sur le fait que vous appréciez sa ponctualité, son respect de ce que vous aviez convenu et dites lui que vous appréciez de lui faire confiance. 

Vous ne serez pas toujours un parent 100 % cohérent ou parfait : mais vous restez pour toujours "son papa" ou "sa maman". N'hésitez pas à dire franchement vos peurs, vos craintes et vos doutes à votre adolescent. Vous avez le droit et même le devoir de refuser qu'il se fasse du mal où qu'il mette sa vie en danger.

 

Il est essentiel pour un ado de savoir ce que pense réellement ses parents. Ayez une parole vraie, une voix posée, un visage rassurant et votre ado comprendra (certainement) que vous mettez des limites justement parce que vous l'aimez plus que tout !

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