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Crises explosives de mon enfant : que faire ?

 

 

 

Vous venez de demander à votre enfant de venir vous aider à mettre la table, vous entendez "Non", "Non, je ne veux pas", "Attends", "C'est encore moi"...

Refus catégorique, éclats de voix, début d'une crise explosive... 

 

Il y a trois formes d'oppositions : 

- Une opposition passive : l'enfant n'écoute pas les consignes et il continue de faire ce qu'il avait commencé ; ou il ne les exécute pas en totalité.

- Une opposition active : il refuse catégoriquement sans montrer aucun signe d'acceptation 

- Une opposition active et agressive : l'enfant hurle, tape, casse, mord... Il montre des gestes violents envers les objets, les autres ou lui-même. 

 

Pourquoi l'enfant s'oppose?

Au cours de sa vie, l'enfant va être amené à traverser plusieurs phases d'oppositions : 

 

La première se situe vers deux ans, c'est la période du "non, non, non". Il comprend qu'il peut dire non à ses parents et que cela entraîne bien souvent une réaction. 

 

La deuxième phase d'opposition se situe à l'adolescence, où l'enfant se rend compte qu'il peut avoir un avis divergeant de celui de ses parents et il va l'affirmer. 

Ces deux périodes permettent à l'enfant de prendre une distance et un début d'autonomie dans sa manière de penser ou d'agir.

 

C'est donc essentiel dans sa construction mentale et son cheminement vers la vie adulte. 

 

Pourtant, certains enfants se mettent plus souvent en colère que d'autres,, ils contestent sans cesse l'adulte, ils s'opposent et refusent activement de suivre les règles de vie de la maison ou de l'école, il ne reconnaît pas sa part de responsabilité et va tenter de la faire reporter sur les autres : "C'est pas moi"... Ces enfants sont souvent fâchés, plein de tristesse et d'amertume. 

Quand l'opposition devient problématique

Plusieurs facteurs peuvent influencer l'apparition de conduites opposantes : 

- la fatigue ou la maladie de l'enfant 

- un changement brutal de vie : déménagement, séparation des parents...

- un bouleversement émotionnel comme la naissance d'un petit frère ou d'une petite soeur

- un manque de confiance en soi 

- l'épuisement des parents, avec un manque de repères et de constances dans les règles de vie de la maison, dans les valorisations apportées à l'enfant

 

Dans certains cas, ce peut être aussi d'origine pathologique comme

- un TOP : un Trouble de l'Opposition et de la Provocation,

- un TDA/H : Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité

- Un SGT : Syndrome de Gille de la Tourette

- un trouble des conduites 

- un TDDE : Trouble Disruptif avec Dysrégulation Emotionnelle 

- un trouble anxieux : trouble anxiété de séparation, trouble anxieux généralisé, anxiété sociale

- un TOC : Trouble Obsessionnels compulsifs

- les troubles de l'humeur : la dépression, le trouble bipolaire pédiatrique

- les TSA : Troubles du Spectre de l'Autisme 

- le PTSD : le Syndrome de Stress Post-Traumatique

 

Alors comment distinguer l'opposition passagère d'un réel trouble neurologique ? 

Parlez en à votre pédiatre ou votre médecin généraliste qui vous orientera vers divers professionnels médicaux ou paramédicaux pour une éventuelle évaluation et prise en charge. 

Les critères de diagnostic

Pour poser un diagnostic il faut au moins 4 symptômes sur 8, observés de façon persistante pendant les  six mois précédant l'évaluation : 

 

-L'enfant se met régulièrement en colère : son émotion est trop forte

- Il conteste très souvent ce que disent les adultes (pas seulement ses parents)

- Il refuse les règles 

- Il embête les autres sans raison apparentes

- il nie sa responsabilité : "C'est pas moi" et fait porter sur l'autre la responsabilité de ses agissements

- il est rapidement agacé par les autres ou susceptible, il a un faible seuil de tolérance à la frustration

- il est souvent fâché 

- il se montre vindicatif 

 

Au quotidien, l'enfant refuse d'aller se laver, de faire ses devoirs, de ranger sa chambre, d'aller se coucher... même sous la menace d'une punition ou d'une privation. Les parents sont souvent désemparés et ils ont l'impression d'avoir perdu tout contrôle de la situation.

 

 

L'engrenage de l'opposition

Le parent qui fait une demande à son enfant s'attend à ce qu'il l'écoute et l'exécute. Lorsque ce dernier refuse, le parent répète sa demande. Si l'enfant continue de s'opposer, la demande des parents devient plus insistante voire menaçante. Le parent perd patience et menace de punir, de sévir... l'enfant se soumet ou il continue de s'opposer et c'est l'escalade de la provocation. 

 

L'autre attitude du parent peut être de tenter la conciliation, la négociation. Il cherche à désamorcer la crise par la douceur et le dialogue, il explique et justifie sa demande. 

Cette attitude est plus adéquate que la précédente mais elle peut aussi conduire à  l'exaspération, à la décrédibilisation de l'adulte...

 

La dernière attitude de l'adulte épuisé par les différents refus du passé, et celle ne plus oser intervenir. 

Comment réagir face à tant de rébellion ?

1. Choisir ses réactions de parent 

L'enfant qui s'oppose cherche une réaction de ses parents. Privilégiez toujours le respect, la fermeté bienveillante, la maitrise de vous-même, l'accueil et l'empathie. En adoptant ses attitudes on évite de tomber dans certains pièges de la spirale de l'opposition : perte de contrôle, épuisement, domination, violence...

 

2. Donner de l'attention positive 

L'enfant ayant besoin d'attention en cherche par tous les moyens... même négatifs. Il préfère être repris, grondé, voire puni plutôt qu'ignoré. Plus vous donnerez de l'attention positive et plus les comportements attendus se produiront : "J'ai remarqué que tu avais commencé à ranger ta chambre"; "Cela fait 5 minutes que tu n'embêtes plus ta petite soeur, j'apprécie" ; "Tu es venu plus rapidement qu'hier te mettre à table"...

 

3. Respecter les règles 

En misant sur la valorisation de toutes les actions positives vous axez sur le renforcement positif et cela donne à votre enfant l'envie de poursuivre ses efforts et de mieux respecter les règles de vie de la famille. N'oubliez pas d'en trouver 3 principales, de les formuler positivement (ce que l'enfant a le droit de faire par exemple), de lui annoncer et de les afficher pour que toute la famille puisse s'en souvenir. La constance aide aussi l'enfant à se sentir en sécurité. 

Il est donc primordial de clarifier vos attentes, de les partager avec votre conjoint et d'établir un consensus. 

 

4. Choisir ses priorités 

Observez les comportements acceptables de ceux qui ne le sont pas. Dites vous que plus vous intervenez, moins vos interventions sont efficaces. De plus, un enfant repris en permanence n'aura plus envi d'écouter son parent ou souffrira d'une baisse d'estime de lui-même : "Je ne sais pas faire", "Je ne suis pas capable", "Je suis nul(le)"...

 

5. Faire des demandes efficaces 

Ayez des consignes courtes et claires : parfois même un seul mot peut suffire "Pyjama", "A table", "Au lit"...

Vous pouvez vous approcher de l'enfant, vous mettre à son niveau, attendre qu'il vous regarde et dire calmement ce que vous attendez. Vous pouvez le remercier ensuite. 

N'oubliez pas de donner une consigne à la fois. Assurez vous qu'il est bien compris votre demande en lui demandant de vous répéter la consigne. 

 

6. Appliquer sans négocier les conséquences logiques 

Stoppez tout geste dangereux : si possible, prenez votre enfant dans vos bras, retirer l'objet dangereux...Empêchez l'enfant de se faire mal ou de faire mal aux autres. 

Demandez à votre enfant de s'excuser, de réparer, de recommencer correctement, de rejouer la scène en améliorant le scénario par exemple.

 

7. Cesser toute forme d'argumentation 

Ne rentrez pas dans le discours de l'enfant qui s'oppose. Dites seulement STOP. Vous pouvez aussi répéter la consigne tel un perroquet tant que l'enfant n'écoute pas. Vous pouvez aussi vous éloigner pour ne pas entendre les argumentations de votre enfant. 

 

8. Rester neutre et ferme

Tentez de garder votre calme et de montrer le moins possible vos émotions. Chuchoter votre consigne au lieu d'hurler. Regarder l'enfant dans les yeux et articuler votre demande calmement. Demandez le relais à vos proches si vous sentez que vous ne pouvez plus garder votre sang froid. 

 

9. Etre constant 

Lorsqu'une règle est demandée, affichée, elle doit être constante quelque soit le jour de la semaine ou votre état de fatigue. 

 

10. Passer de bons moments avec l'enfant 

Même si l'opposition répétée de votre enfant vous exaspère, il est important de passer de bons moments avec lui. Quelques minutes suffisent ! Asseyez vous près de lui, prenez le dans vos bras, lisez lui une histoire, discutez de ses passions, imaginez ensemble une sortie... Vous pouvez aussi cuisiner un gâteau, faire du vélo, partager un chocolat chaud... Ces petits moments remplis d'amour permettent de renforcer le lien qui vous unit. 

 

Ne restez pas avec vos questions, n'hésitez pas à me contacter afin de vous aider à mettre en place des méthodes pour aider votre enfant. 

Le programme comprend une prise de contact initiale puis l'explication de techniques cognitives, comportementales et émotionnelles pouvant améliorer certains comportements. Vous trouverez aussi des outils à mettre en place pour vous accompagner dans votre pratique au quotidien. 

Marie Costa 

 

 

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