Aider mon enfant à mieux apprendre à l'école

Pas facile d'apprendre à son enfant à "apprendre" !

Comment l'aider à mémoriser ses leçons ?

Une lourde tâche que certains parents redoutent au moment des devoirs.

Voici quelques explications tirées des dernières recherches en neurosciences. 

Les 4 piliers de l'apprentissage

L’enfant dès sa naissance est doté d’intuitions profondes :

Par exemple, avant tout apprentissage formel de la numération, il évalue et anticipe les quantités. Il vide et rempli un seau de sable, il sait si la boite de bonbons est pleine ou bientôt vide... Apprendre à compter, additionner, calculer... équivaudrait donc à tirer parti de ces circuits neuronaux préexistants, et grâce à leur plasticité à les recycler.

 

C'est précisément cette plasticité cérébrale qui nous permet d'apprendre : elle recycle les circuits présents et elle est mobilisable tout au long de notre vie. Le cerveau est donc organisé dès la naissance : il contient des connaissances innées mais aussi des algorithmes plus sophistiqués qui rendront l'apprentissage possible.

 

D'après Stanislas Dehaene, psychologue cognitif, neuroscientifique et professeur au collège de France, les neurosciences ont identifié au moins 4 piliers favorisant la vitesse et la facilité d'apprentissage : 

- L'attention

- L'engagement actif 

- Le retour d'information 

- La consolidation  

1. L'attention

L'attention module l'activité cérébrale : le professeur va tout faire pour attirer l'attention de ses élèves au plus haut niveau. L'apprenant doit être en ALERTE. Or, il existe des limites à l'attention : un enfant ne sait pas faire deux tâches simultanément, suivre trop de consignes à la fois, rester focus sur son travail s'il y a différentes sources sonores ou visuelles qui interfèrent... 

Etes-vous attentif ? 

Je vous invite à regarder cette vidéo et à compter le nombre exact de passes que font les joueurs habillés en blanc. 

 

Avez-vous trouvé la solution ? Quel est le nombre exact de passes que font les joueurs habillés en blanc ? 

Avez-vous remarqué le gorille ? 

Si vous ne l'avez pas vu, je vous invite à visionner une seconde fois cette vidéo.

 

Lorsque l'on est concentré, les stimuli non pertinents pour la tâche vont devenir invisibles. L'attention est donc sélective par nature... l'enjeu est donc d'en prendre conscience pour bien l'orienter. 

 

Petits conseils pour les parents : 

  • Epurez le plus possible l'espace de travail de votre enfant. Un trop-plein d'affaires sur le bureau, d'illustrations et de couleurs placées au mur de manière attrayante peut vite devenir source de distraction. Placez sur le bureau le strict nécessaire... rangez la trousse et ne prenez qu'un stylo par exemple ! 
  • Apprenez à votre enfant à se mettre dans "sa bulle" visualisez avec lui une belle bulle de savon qui viendrait l'entourer. Cette bulle est transparente avec de beaux reflets de toutes les couleurs... mais elle est fragile, votre enfant ne doit pas trop bouger pour ne pas l'éclater. 
  • Prévoir des pauses toutes les 15 minutes (voire moins si votre enfant a besoin de bouger davantage) : laissez le courir, sauter, triturer de la pâte à modeler, chanter, boire un verre d'eau et revenir se concentrer ensuite sur la fin des devoirs.

2. L'engagement actif

Le principe est clair : un apprenant passif n'apprend pas ! 

L'enseignant ou le parent cherchera donc à mobiliser l'enfant : en le surprenant, en variant le ton de sa voix, en alternant des moments de recherches, d'expérimentations, de découvertes et moments de transmission plus traditionnelle du savoir.

Rendre l'élève acteur et chercheur va développer cette engagement actif. 

 

Petits conseils pour les parents : 

  • Variez les possibilités de faire les devoirs, d'apprendre les leçons : en chantant, en se déguisant, en imitant un présentateur de télévision par exemple 
  • Questionnez votre enfant comme si vous ne saviez pas : il sera fier de vous expliquer sa leçon ! Soyez à votre tour un élève attentif. 
  • Laissez aussi à votre enfant la possibilité d'apprendre "à sa façon" et tant pis s'il est couché à plat ventre par terre... Tant qu'il apprend et connaît sa leçon ! 

3. Le retour d'information

L'erreur est humaine mais aussi indispensable pour découvrir et apprendre ! 

Notre cortex cérébral est une sorte de grosse machine prête à générer des prédictions, des suppositions et à intégrer les erreurs. 

Il lance une supposition et reçoit en retour des informations sensorielles qui vont lui permettre de faire une comparaison entre les deux. Cette différence va créer un signal d'erreur ... et notre cerveau va s'activer pour corriger et réajuster, améliorer la supposition suivante. 

 

Le retour d'information est donc indispensable. Le cerveau fonctionne ainsi en 4 cycles : 

  1. Supposition, prédiction 
  2. Feedback ou retour d'informations 
  3. Correction et réajustement 
  4. Nouvelle supposition ou prédiction

Il corrige continuellement le tir grâce au retour d'expérience, ce qui revient à dire que l'erreur est fondamentale ! Aucun apprentissage ne peut se déclencher sans un signal d'erreur ! 

 

Conseils aux parents : 

  • Questionnez davantage votre enfant sur sa façon d'aller chercher des connaissances et d'élaborer son raisonnement plutôt que d'évaluer ce qu'il sait : "Récite ta leçon" va devenir "Qu'as-tu découvert dans cette leçon ?", "Est-ce qu'il y a un mot ou une phrase qui t'a posé question ?",  "Pour toi, quelle est l'information essentielle de ton cours ?" ...
  • Valorisez et encouragez les tâtonnements, les hypothèses, les suppositions... n'apportez pas la réponse toute faite de l'exercice à votre enfant ou l'explication complète du cours qu'il va devoir écouter, digérer (parfois c'est indigeste pour lui) et mémoriser ! Posez lui des questions plus ouvertes : "Connais-tu les montagnes les plus hautes ?" Plutôt que de réciter la hauteur exacte du Mont Blanc par exemple.  
  • Encouragez les erreurs : "Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas" me disait ma grand-mère. Et bien, oui, laissez votre enfant se tromper et apprendre de ses erreurs ! Privilégiez la motivation par le renforcement positif : une approbation, un sourire, un hochement de tête, une validation, un encouragement !  

4. La consolidation

L'enfant tombe plus de 2000 fois avant de pouvoir marcher. Imaginez ce qui se passerait si à chaque nouvelle tentative il reproduisait la même erreur sans apprendre de la précédente ? Il lui serait alors impossible d'apprendre à marcher. Dans les apprentissages, l'enfant vit des expériences d'échec à chaque pas qu'il fait avec le sentiment de ne pas y arriver, de se sentir dépassé... ce peut être terrifiant ! Or son inconscient est là pour utiliser les déséquilibres et pour les réajuster. L'enjeu sera alors d'accomplir un transfert de l'explicite vers l'implicite et de parvenir à une automatisation.

 

Souvenez-vous de vos premières leçons d'auto-école, vous deviez mémoriser toutes les étapes pour démarrer la voiture :  

  1. Appuyer au maximum sur la pédale d'embrayage pour débrayer 
  2. Enclencher la première vitesse
  3. Accélérer très légèrement et maintenir le niveau d'accélération 
  4. Lever progressivement la pression de la pédale d'embrayage jusqu'au point de patinage et bloquer l'embrayage lorsque le bruit du moteur change ...

Qui se répète encore toutes ses actions au bout de 10 ans de permis de conduire ? En effet, c'est en transférant les informations vers des réseaux non conscients le cerveau devient plus rapide et plus efficace !

 

Mais votre enfant aura besoin de temps, il ne peut pas apprendre trop d'informations à la fois. Dans le cortex préfrontal, on retrouve une sorte de goulot d'étranglement qui ne permet pas de traiter un volume trop important d'informations à la fois. 

 

Conseils aux parents : 

  • Patience et persévérance : deux mots à ne jamais oublier dans l'éducation des enfants. Laissez le temps à votre enfant d'assimiler, de digérer et d'intégrer les nouvelles notions. C'est aussi pour cette raison que chaque année, les professeurs reviennent sur les acquis de l'année précédente.
  • Prenez garde à ne pas créer de "double tâche", de ne pas donner trop de consignes à la fois, notamment pour les enfants présentant une difficulté ou "dys"
  • Dites toujours à votre enfant ce que vous attendez de lui : l'objectif de l'exercice. "On te demande d'écrire correctement les lettres, en respectant les interlignes pour copier ta leçon", "Dans cette rédaction, l'important est de trouver des idées, les fautes d'orthographes ne sont pas prises en compte", "Dans ta dictée, regarde bien chaque mot et chaque accord avant de rendre ta copie". 

 

 

 

Apprendre à conduire se fait progressivement : on répète mentalement chaque étapes jusqu'à ce que notre cerveau mémorise l'information. Avec le temps et l'expérience, conduire devient donc automatique ! 

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