Mon enfant ne supporte pas la frustration

 

“On n’a pas toujours ce que l’on veut et on ne veut pas toujours ce que l’on a”. Cheick Camara 

 

Un chamallow ... ou 2 ? 

 

Le professeur Mischel Walter (27) a mesuré scientifiquement la capacité de tolérance à la frustration avec des enfants de 4 ans !

Le professeur Walter Mischel place un marshmallow devant l’enfant, puis une petite cloche. Il lui dit alors qu’il doit sortir quinze minutes et que s’il ne mange pas le Chamallow pendant son absence, il en aura un de plus. En revanche, s’il ne peut pas résister, il lui suffira de sonner la cloche, quelqu’un viendra alors lui donner l’autorisation de manger celui qu’il a devant lui. Mais, dans ce cas, il n’aura qu’un seul marshmallow.
Les enfants s
ont filmés pendant toute l’expérience. Certains craquent tout de suite tandis que d’autres, non sans hésitation, parviennent à remporter le deuxième marshmallow. 

 

Le professeur a suivi les enfants pendant leurs trente premières années !

Voici ses conclusions : Les enfants qui avaient réussi à patienter pour avoir un deuxième marshmallow avaient plus d’amis, ils s’exprimaient mieux, étaient plus résistants au stress, et avaient de meilleurs résultats scolaires. Ils réussissaient également mieux leurs examens et obtenaient de meilleurs emplois. Il a même constaté qu’il présentaient moins de problème avec l’alcool ou la drogue.

 

“Delay of gratification in children “ de W.Mishel, Y. shoda et M.M. Rodriguez, in Science, 1989 ; 244 : 933-8

Difficile de dire non à son enfant quand on est parent. Mais répondre à toutes ses envies, satisfaire chacun de ses désirs, l’aide-t-il à se construire et à s’armer pour avancer dans sa vie ? 

Il n’est pas facile pour le parent d’endosser le mauvais rôle du parent “frustrateur” ! Et pourtant, l’apprentissage de la frustration est essentiel dans la construction de l’enfant. Le but n’est pas “frustrer pour frustrer” mais d’accompagner l’enfant à surmonter l’obstacle de cette frustration. L’enfant comme l’adolescent peut donc comprendre la frustration à condition qu’elle soit éducative et non répressive. Dans sa socialisation, à l’école par exemple, l’enfant va être confronté aux autres mais cela va aussi lui permettre de mieux gérer sa vie future et de moins souffrir quand il vivra de plus grandes insatisfactions. 

La frustration vient de la rencontre de ses propres limites avec la confrontation aux autres et aux règles imposées par la vie sociale. Elle est inévitable, incontournable, dans la découverte de soi, des autres, du monde et de son fonctionnement.

Elle peut être liée à un refus de lui donner quelque chose lorsqu’il le demande, mais également accepter que les choses ne se réalisent pas comme on le souhaiterait.

 

“Je veux un bonbon !” 

La belle tour qu’il vient de construire vient de tomber, le repas n’est pas à son goût, il hurle devant les caisses du magasin pour avoir un paquet de sucettes, il veut le jouet que son frère a dans les mains, il refuse de se déconnecter des écrans, il aimerait sortir avec ses copains alors que vous venez de lui rappeler de faire ses devoirs… autant d’insatisfactions possibles que le parent devra gérer. 

Comment anticiper les crises de frustration chez l’enfant ?

  1. Anticipez les situations problématiques : vous connaissez bien votre enfant et vous savez qu’il existe des lieux ou des situations où il est très difficile pour lui de résister à la tentation. Prenez le temps, par exemple, de lui expliquer que vous n’acheterez pas de bonbons avant même de rentrer dans la boutique. En franchissant la porte du magasin, assurez-vous qu’il est bien compris en lui posant la question “Que vais-je te répondre si tu veux un bonbon ?” 
  2. Rêver pour résister à la tentation : Votre enfant regarde la vitrine du magasin et qu’il veut absolument la voiture rouge… vous pouvez échanger avec lui : “Tu préfères la voiture rouge ou plutôt la bleue ? Penses-tu qu’elle roule vite ? Si tu avais le choix pour ton anniversaire, préférerais-tu la voiture rouge ou plutôt l’avion que nous avons vu la semaine dernière ? Penses-tu qu’il vole réellement ? ” En vous appuyant sur l’imagination et le rêve, l’enfant partage un bon moment avec vous. Ne pas lui acheter tout de suite la voiture rouge va lui permettre de rentrer à la maison tout en rêvant et en patientant. 
  3. La baguette magique : Essayez la technique du rêve farfelu pour résoudre les problèmes : “Avec une baguette magique (une potion, un filtre, un tour de magie) tu pourrais te retrouver tout en haut du manège”, “La vaisselle se ferait toute seule”, “Tu saurais ta leçon sans même l’apprendre”...

Voici 3 clés pour gérer les crises de frustration 

  1. Ne pas se soucier du regard extérieur : ceci est plus facile à dire qu’à faire… mais l’enfant comprends rapidement votre gène lorsqu’il y a des témoins.
  2. Prendre sa demande au sérieux : La frustration déclenche souvent une colère réelle. L’ignorer ou la banaliser n’aide pas forcément l’enfant à se calmer.
  3. Faire preuve d’empathie : la colère est une émotion qui s’apaise lorsqu’elle est comprise et accompagnée. Marshall B. Rosenberg (28) a été le pionnier en matière de communication bienveillante et empathique. Il s’agit d’observer, d’écouter, de traduire et de reformuler les sentiments ou les besoins que l’on perçoit chez l’autre. “Tu aimerais avoir une glace au chocolat, c’est tentant de passer devant le glacier”, “Il me semble que c’est difficile pour toi d’attendre ton anniversaire pour avoir ce beau camion bleu” 

 

Dépasser la frustration est une capacité qui permet aux enfants de poursuivre leurs rêves tout en apprenant la patience et la persévérance. 


Extrait du livre 100 idées pour éviter les punitions aux éditions Tom Pousse 

(27) Walter, M. (2015). Le test du marshmallow. Paris : JC Lattès éditions.

 

 

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