Alternatives aux punitions

 

On peut se poser la question : peut-on ne jamais punir ses enfants et réussir leur éducation ?

La plupart des personnes vous diront que cela n’est pas possible, qu’un comportement intolérable ne peut pas passer sous silence, qu’ils ont eux aussi eu des punitions et qu’ils ont bien grandit avec… « Pour que l’enfant se souvienne bien on pense qu’il faut marquer le coup… »

 

Je reçois très souvent des parents qui semblent bien désemparés quand il s’agit de poser des limites à leurs enfants. Les parents ressentent une forte culpabilité lorsqu’ils punissent.

 

Il a fait une bêtise... 

 

Voici la définition d’une bêtise : Manque d’intelligence et de jugement. Action ou parole sotte ou maladroite. 
Parler de bêtise dénote donc un comportement stupide, dénué de bon sens. 
Parler d’erreur ou de comportement inapproprié serait donc plus adéquat.

 

Alors que faire ?

 

Lorsqu’un enfant n’a pas le comportement attendu vous voulez lui montrer, lui exprimer votre désaccord, empêcher qu’il ne recommence… C’est bien souvent pour cette raison que vous utilisez la punition.


La punition vient sanctionner la transgression d’une règle ou d’un interdit.


Or, on constate que l’effet attendu n’est pas celui-ci, l’enfant recommence, et vous vous fâchez de nouveau.

 

Que se passe-t-il en vous lorsqu’un enfant « franchit » vos limites ?

 

L’enfant est votre « miroir », il possède en lui une part de votre hérédité. Il porte aussi vos espoirs.

Les erreurs, les manquements, les maladresses de votre enfant vous renvoient une image négative de lui et en conséquent de vous-même.

Lorsqu’il ne correspond pas à vos attentes, vous pouvez ressentir de la frustration, de la gène, de la colère, de la honte, la crainte du jugement d’autrui, l’embarras, la peur lorsque l’enfant est confronté à un danger…

Or, les émotions des parents jouent aussi dans les conséquences et les punitions données à l’enfant.

 

 

Pourquoi la punition n’est pas efficace ?

 

La punition frustre l’enfant et le contrarie. Elle provoque chez lui des réactions de peine ou d’agressivité qu’il renvoie à l’adulte : « T’es méchante, je t’aime plus » « T’es plus mon papa » « Même pas grave, je m’en fiche » …

Par ailleurs, les punitions entraînent des effets négatifs à long terme.

Voici les 4 R de la punition :

            - Rancœur (c’est pas juste, je ne ferai plus jamais confiance aux adultes)

            - Revanche (je les aurai la prochaine fois, je vais me venger)

            - Rébellion (je vais faire l’inverse de ce que les adultes me demandent pour leur    prouver qu’ils ne peuvent pas m’obliger à faire ce qu’ils veulent)

           - Retrait (dissimulation et baisse de l’estime personnelle)

 

Une punition est une conséquence négative qui diminue ou arrête un comportement à court terme mais n'encourage pas un comportement différent.

 

 

 

Mais que faire ?

 

La punition n’est pas la solution mais que faire lorsque l’enfant ne respecte pas vos principes éducatifs ?

1.     Prendre du recul : Mettre de côté ses émotions de honte, colère, tristesse et observer ce qui se passe. Quel est le problème ?

 

2.     S’interroger sur les causes plutôt que sur les conséquences : pourquoi mon enfant a renversé son assiette, son verre et ses couverts alors que l’on discutait tranquillement avec nos amis ? Voulait-il attirer l’attention ? Quels sont ses besoins ? A-t-il besoin de se dégourdir les jambes ? Est-ce l’heure d’aller se coucher ? Comprendre n’est pas tout excuser, mais cela permet de s’interroger sur les facteurs qui on participé au comportement inapproprié afin de proposer une réponse adaptée.

 

3.     La règle était-elle clairement annoncée ? Est-ce que mon enfant savait exactement ce que j’attendais de lui ? De nombreuses règles sont implicites, on pense qu’il est normal que son ado fasse son lit, ramasse son linge sale, participe aux tâches ménagères, fasse ses devoirs en arrivant à la maison avant de jouer sur la tablette… Mais avez-vous pris le temps de lui expliquer ce que vous attendez ? Avez-vous réfléchis à vos attentes ? Etes-vous d’accord avec votre partenaire ? Les règles sont elles visibles et affichées ?

 

4.     Est-ce que mon enfant sait faire ? A t-il l’âge ou la maturité pour comprendre et pour faire ? Est-ce que vous lui avez montré ? Fait avec lui ? Regardé faire ?

 

 

Voici comment anticiper les comportements que l’on juge inadaptés :

 

1.     Définir des règles claires, concrètes et stables : Elles sont des repères pour les enfants, elles le sécurisent. Les limites que l’on fixe ne concernent pas seulement ce qui est défendu, mais aussi ce que l’on autorise.

 

2.     Ne pas ignorer les comportements inappropriés mais faire remarquer lorsqu’ils cessent. Vous encouragez ainsi un début de comportement positif.

 

 

3.     Veillez à votre attitude et votre ton : vous pouvez exprimer votre mécontentement à l’enfant sans vous emporter ou crier. Fermeté et assurance parlent plus que colère ou agitation.

 

4.     Aidez l’enfant à se sentir responsable de ses paroles, de ses actions. Lorsque la situation s’est calmée et que vous êtes seul avec l’enfant, vous pouvez revenir sur l’incident et lui demander « Qu’est-ce qui s’est passé ? ». Si l’on veut que les remarques formulées à l’enfant portent ses fruits, il faut avant tout qu’elles soient entendues, acceptées et reformulées par l’enfant dans ses propres mots. Pour qu’il vous entende, adressez vous à lui seul dans un moment où il est disponible. Inutile de le sermonner lorsqu’il est à table avec tous ses copains par exemple. Votre enfant a le droit d'être en colère mais il n'a pas le droit de taper, posez lui les questions pour que la prochaine fois il trouve d'autres comportements pour exprimer son mécontentement. Cet échange constructif avec votre enfant l'aidera aussi à réfléchir et se construire. 

 

En montrant de la bienveillance, votre enfant aura plus de facilité à exprimer ce qu’il a fait ou dit. La responsabilité de ses actes s’acquière avec le temps et elle permettra par la suite de faire le bon choix, ou d’agir en connaissance de cause.

 

5.     Adoptez un comportement positif et encouragez les comportements souhaités. Cette méthode est gratifiante pour l’enfant et l’encourage à poursuivre ses efforts dans la bonne direction.

 

6.     Proposez à l’enfant de réparer ou de recommencer en ayant le comportement attendu : vous lui laissez une seconde chance. « Antoine est rentré tard, son père l’avait initialement puni de sorties, puis après réflexion il lui a demandé de ranger le garage avec lui. Antoine a débuté en boudant et en étant mutique. Progressivement, le père et le fils ont pu parler ensemble et aborder à nouveau les règles et les attentes fixées par les parents».

 

7.     Lorsque vous avez prévenu l’enfant et qu’il continu vous pouvez intervenir en disant stop. Vous pouvez lui proposer le choix entre deux comportements ou un temps assis près de vous pour se calmer et réfléchir. Vous pouvez mettre en place un lieu ou une boite pour se calmer : avec un punching ball, des balles à malaxer, des feuilles pour dessiner son mécontentement ...

 

8.     Oubliez les claques, fessées et tapes. Le recours aux châtiments corporels, même exceptionnels, n’a pour but que de légitimer la violence, d’augmenter l’agressivité et la rancœur, et de développer l’inhibition et le manque de confiance en soi.

 

9.     Valorisez « les bonnes attitudes ». Proposez à votre enfant des gratifications non matérielles : un sourire, un encouragement, un compliment, un moment de tendresse ou de câlin, un temps à jouer ensemble, … un instant agréable qui fera plaisir à l’enfant et le confortera dans ses actions positives.

 

10.  Recherchez ensemble des solutions pour que cela ne se 
reproduise plus. En famille, poser la question : “Que faire pour que... cela s’améliore” Listez les réponses et demandez à l’enfant concerné d’en choisir une ou deux qui lui conviennent.

 

11.  Il se peut que votre enfant soit dans une vraie tempête émotionnelle et qu'il ne vous écoute plus du tout. Son cerveau est incapable de réfléchir ou de comprendre vos paroles. Les émotions le submergent et il hurle sa colère. Vous pouvez essayer de le prendre dans vos bras s'il est encore petit et de le calmer par un câlin. Il peut ainsi crier vous êtes là pour le rassurer. Vous pouvez aussi verbaliser ce qu'il ressent : "Tu es très énervée car ton frère a détruit la tour que tu venais de construire" "Il me semble que tu es très en colère, tu n'as pas du tout envie de venir avec nous faire les courses"...

 

12. Enfin, vous pouvez tester la résilience. Lorsqu’il y a eu conflit entre deux personnes : chacun raconte comment il a vécu les évènements : dispute, cris, coups... et parle de ses émotions. On peut ensuite dessiner ou écrire ce qui a été difficile puis on déchire la feuille. En se regardant dans les yeux 
on se demande pardon mutuellement.

 

 

Aujourd’hui, élever un enfant ne consiste plus seulement à lui inculquer des valeurs, les parents cherchent également à développer l’estime de soi de leur enfant. L’enfant n’est pas un adulte en miniature, mais un être en développement. L’enfant a tout à apprendre : le respect, l’empathie, le sens de l’effort, les responsabilités…  La punition sanctionne comme faute une situation qui n’est en fait que le fruit d’un développement incomplet. Elever un enfant correspond avant tout à l’aider à s’élever, alors que punir contribue à le rabaisser.

 

 

« Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n’aboutissent jamais au but recherché. » Célestin Freinet (pédagogue français)

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0