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Phobie scolaire : comprendre et agir

La phobie scolaire serait en constante augmentation, mais il ne faut pas faire d’amalgame entre l’absentéisme (je ne veux pas aller à l’école), le refus d'aller à l'école pour s’opposer (je n’y vais pas car c’est trop contraignant), et enfin la phobie scolaire ou plus justement nommé Refus Scolaire Anxieux  (j’aimerai aller à l’école mais je suis tétanisé et incapable d’y aller).

 

« Phobie scolaire »,  « RSA : le Refus Scolaire Anxieux », « anxiété scolaire » voici différents termes pour exprimer la même manifestation : cette peur intense de l’école rendant impossible à l’enfant d'y aller.

Pour agir, il est important de comprendre les causes complexes pour pouvoir proposer des possibilités de sortie concrète.

 

 

Comprendre la peur

 

Avoir peur fait partie de notre existence : la peur est une émotion que l'on ressent généralement en présence ou dans la perspective du danger. Les peurs changent au cours de notre vie. En grandissant, nous développons des défenses pour contrer cette émotion désagréable. Tout est mis en œuvre pour que le corps soit prêt à faire face à cette menace. Depuis des milliers d’années, la peur signale à l’homme les dangers, elle favorise donc la prudence.

 

De quoi les enfants ont-ils peur ?

 

Si certains enfants redoutent avoir de mauvaises notes à l’école, d’autres expriment des moqueries, des insultes ou du harcèlement. La guerre, les attentats, les accidents, le divorce des parents font également partie des peurs les plus fréquentes.

 

Selon le neuropsychiatre J. Ajuriaguerra la phobie scolaire se définit ainsi : « Il s’agit d’enfants ou d’adolescents qui , pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions très vives d’anxiété ou de panique quand on essaie de les y forcer ».

 

Le Refus Scolaire Anxieux se traduit par des symptômes physiques bien réels : comme des  nausées, des vomissements, diarrhées, céphalées, douleurs abdominales, des étouffements, des palpitations, des troubles du sommeil, une perte d’appétit, une vision floue, des douleurs articulaires … au moment de partir à l’école ou juste à l'idée d'y retourner.  On peut également noter des symptômes psychologiques comme l’agitation, les cris, les pleurs, la fuite, la violence, le repli sur soi, la panique…

 

Comment reconnaître le refus scolaire anxieux ?

 

Il s’installe souvent de manière brutale sans « raison apparente », l’enfant n’a pas forcément de problèmes au niveau des apprentissages et les parents ont parfois du mal à interpréter ses symptômes. L’enfant est généralement bon à l’école mais il manque de confiance en lui et il met en doute ses potentialités. Il peut aussi être hypersensible.

L’enfant se plaint, il va à l’infirmerie, puis il multiplie les absences. Sa vie sociale est aussi mise à rude épreuve, il se met souvent en retrait vis à vis de ses pairs. 

On note quand même certains facteurs déclencheurs comme un changement d’établissement, un déménagement, une altercation avec un professeur ou un autre élève. 

 

Voici d’autres facteurs qui peuvent être à l’origine du refus scolaire anxieux :

 

-       L’enfant peut être décrit comme craintif, depuis son jeune âge, il montre une forte dépendance envers son entourage et il vit mal les séparations. Ce peut être ainsi le prolongement d’une anxiété à la suite de manifestations d’angoisses de séparations dans la petite enfance.

-       Ce peut également être la conséquence d’une peur concernant la santé de ses parents (suite au deuil récent d’un proche, la maladie d’un parent) L’enfant a besoin de ne pas s’éloigner pour surveiller si tout va bien.

-       Ou bien d’une peur liée à un traumatisme subi à l’école (agressions, rackets, harcèlement, violences morales ou physiques)

 

Quelles peuvent être les conséquences ?

 

A moyen terme, la phobie scolaire peut entraîner la déscolarisation momentanée, ou totale avec des répercussions sur son avenir professionnel.

L’enfant a tendance à se replier sur lui-même et à se réfugier dans un monde virtuel avec les écrans. A long terme, les conséquences lourdes peuvent exister comme la dépression et les envies suicidaires.

 

Contrairement à l'absentéisme scolaire (ou à l'école buissonnière), les parents sont au courant des absences de leur enfant et ils tentent tout pour que les enfants reprennent le chemin de l'école. Ils sont souvent très démunis, ils essayent le dialogue, la fermeté, la colère, la menace… sans parvenir limiter la souffrance de leur enfant. Le plus déstabilisant est de ne pas avoir de solution, de devoir faire des choix sans être sûr de faire les bons.

Toute la famille est déstabilisée, mais au fur et à mesure des pleurs, des incompréhensions, l’entourage comprend que seul le soutien et l’amour peuvent aider l’enfant.

 

Voici 10 conseils pour vous aider :

 

1.     Consulter un médecin généraliste puis un thérapeute (pédopsychiatre, neuropédiatre...) pour exclure l’hypothèse d’une maladie organique, et diagnostiquer le refus scolaire anxieux. 

 

2.    Rassurer l'enfant : il doit comprendre que l’amour parental ne dépend pas de sa performance à l’école et qu’en cas d’échec, il est soutenu par ses parents. En cas de Refus Scolaire Anxieux on soigne l'enfant et ses angoisses avant de s'occuper de l'élève et de sa réussite scolaire. 

 

3.     Les parents peuvent se rendre davantage disponibles pour l’écouter et le rassurer. L’enfant peut se demander : « Pourquoi je ne suis pas comme les autres ? », « Est-ce que tu m’aimeras toujours même si je ne réussis pas à l’école ».

 

4.     Les adultes peuvent utiliser l’écoute empathique pour l’aider à mettre des mots sur ce qu’il ressent et pour faire le tri de ses émotions.

 

5.     Les parents remarqueront aussi tous les petits changements positifs et encourageront l’enfant avec des compliments : «Ce matin, tu n’as pas pu aller à l’école mais tu n’as pas vomi. », « Tu as réussi à aller chercher le pain alors que je t’attendais dans la voiture », « Tu as mis le couvert avant notre retour sans même qu’on te le demande » "Tu as posé ta console lorsque je te l'ai demandé, je n'ai pas eu à te le répéter". Voir toutes ses réussites, même les plus minimes vont l’aider à gérer son anxiété et augmenter son estime de lui-même.

 

6.     Une prise en charge rapide (moins de trois mois après le début des symptômes pour un meilleur pronostic d'après de nombreuses études médicales sur le sujet) est  à envisager avec un professionnel de santé : pédopsychiatre, psychologue… Une thérapie individuelle ou familiale peut être mise en place.

 

7.     Envisager un retour progressif à l’école en le préparant avec l’équipe éducative (en établissant un PAI : Projet d’Accueil Individualisé par exemple) faire des compromis en imaginant un retour partiel (quelques heures par jour, puis un mi-temps). On peut également définir avec l'enfant d'un lieu refuge dans l'établissement lorsque les angoisses reviennent . 

 

8.     Etre très indulgent avec l’élève qui aura peut-être accumulé du retard pendant son absence, et ne pas hésiter à le revaloriser pour qu’il reprenne confiance.

 

9.     En fonction de la gravité des symptômes, une hospitalisation peut être envisagée. Certaines structures possèdent d’une école pour continuer la scolarité.

 

10. Tenter de garder son calme, son sourire, sa patience face à l’incompréhension des autres (entourage, enseignants). Rencontrer d’autres parents qui vivent la même situation permet aussi de ne pas rester isolé. Garder sa force de parent pour pouvoir aider et accompagner son enfant reste essentiel.

 

Le refus scolaire anxieux, quelque soit l’âge de l’enfant, doit être considéré dans sa nature grave et prise en charge rapidement. En parler autour de vous et consulter est un bon réflexe. Favoriser dès que possible le retour de ses amis à la maison. Votre enfant doit comprendre que sa place lui est gardée et qu’on l’attend !

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Emmanuel (mercredi, 16 mai 2018 23:33)

    Bonjour Marie,

    Votre article est très instructif.
    Je vous remercie pour ce partage.