On a beau s’entendre le mieux du monde, quand il s’agit d’éduquer un enfant, un couple peut se retrouver en prise aux disputes en tous genres.
Bien des domaines sont sources de conflits : choix de l’école ou des activités de loisirs, règles de politesse, heure du coucher, et même choix de l’alimentation… Chacun a son héritage culturel, son passé, ses traditions familiales, sa personnalité aussi. Et tout cela pèse dans la balance, lorsqu'il s'agit de prendre des décisions dans l’éducation de l’enfant…
Lorsque l’enfant vient au monde, on découvre la personne avec laquelle on vit sous un jour nouveau : ce n’est plus seulement un compagnon ou une compagne. Or, sa façon, de voir son rôle de parent et l’éducation qu’il souhaite pour son enfant ne sont pas forcément les mêmes que les vôtres : l’un est sévère, l’autre est plutôt laxiste, l’un est plus à cheval sur la politesse que l’autre… Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions et d’établir des règles, les deux visions s’affrontent, parfois bruyamment.
Même si vous n'êtes pas d’accord, il est primordial de n’en rien laisser paraître devant votre enfant et parler d’une seule voix.
Éduquer un enfant, c’est lui apprendre des règles de vie ainsi qu’une discipline et cela nécessite une certaine autorité. Si un enfant perçoit des différences entre ses parents en ce qui concerne son éducation, il va forcément essayer d’en jouer pour en tirer profit, s’adresser alternativement à l’un puis à l’autre pour gagner l’un des deux à sa cause et, finalement, n’écouter que l’avis qui lui est favorable.
Si maman ne veut pas qu’il joue dans le jardin parce qu’il fait trop froid ou qu’il pleut, il ira directement voir papa qui l’autorisera à faire ce qu'il souhaite, parce que « c’est toujours bon de s’aérer un peu ». Résultat : pendant qu’il s’amuse dans le jardin, maman reproche à papa de toujours contester ses décisions et inversement.
Lorsqu’un enfant profite d’un désaccord pour obtenir ce qu’il veut, cela ne le rend pas plus heureux pour autant. La tension et les disputes le fragilisent, lui font perdre ce sentiment de sécurité dont il a pourtant besoin. En outre, il peut se sentir coupable puisqu’il est l’objet de la dispute.
Mais comment réussir à s’accorder ?
L’essentiel est de garder l’enfant en dehors des désaccords et de se concerter en son absence. Le problème, c’est que des décisions doivent parfois être prises rapidement. Comment éviter alors de donner simultanément deux avis différents, ou de mettre l’autre parent devant le fait accompli ?
Pour limiter cette situation, il faut savoir anticiper. Le dialogue entre parents est primordial, et il doit intervenir très tôt, et se poser ensemble les questions :
- Que souhaitons-nous pour nos enfants ?
- Quelles valeurs sont primordiales pour chacun de nous ?
- A quel moment sommes-nous en désaccords ?
- Comment nous accorder ?
Chaque parent peut dans un premier temps réfléchir à ses attentes, ses valeurs puis les partager avec son conjoint.
Il convient de se mettre d’accord sur des règles de vie que l’on a envie de transmettre ! Il faut savoir écouter l’autre, prendre en compte son passé, ses expériences, et lui dire ce qui nous tient à cœur, pour pouvoir trouver un terrain d’entente sur les points essentiels. Lorsque l’on souhaite s’entendre sur l’éducation des enfants, il est préférable de prendre le temps d’aborder chaque moment de la journée :
- Qu’attendons-nous de lui lorsqu’il se réveille ?
- Comment se passe le petit déjeuner ?
- A quel âge est-il assez grand pour se préparer tout seul avant d’aller à l’école ?
- Quelle politesse souhaitons-nous mettre en place dans la famille ?
- Qui participe aux tâches de la maison et quand ?
- Comment se passe le temps des devoirs ?
- Le téléphone est-il autorisé lorsqu’il fait ses devoirs ?
Même d'accord sur ces points, il peut arriver au quotidien que la décision prise par l’un ne soit pas celle que l’autre aurait voulue, mais autant que chacun l’assume comme la sienne, quitte à en parler ensuite avec son conjoint.
Evitez de vous contredire face à l’enfant.
On ne peut pas être toujours spontanément d’accord sur l’éducation des enfants. L’essentiel est de se montrer solidaire devant l’enfant, puis de rechercher un compromis plutôt que de rester sur des positions divergentes. Trouver une solution intermédiaire qui demande à chacun de céder un peu de terrain mais qui est préférable à l’enfant qui a besoin de sentir que ses parents sont sur la même longueur d’onde.
Ne pas imposer sa position mais ne pas l’abandonner non plus. Durant la discussion, vous essaierez de vous comprendre mutuellement, de façon authentique, sans qu’il y ait domination de l’une ou de l’autre des personnes.
Chaque point de désaccord doit faire l’objet d’un consensus.
Voici le témoignage d’Elodie et de Grégoire parents d’un garçon de 16 ans qui souhaitait aller à un concert avec ses copains.
Le premier réflexe d’Elodie était de refuser, elle le trouvait trop jeune, elle avait peur du trajet en bus, et elle s’inquiétait aussi des rencontres peu recommandables sur place.
Grégoire lui, voulait que son fils devienne autonome et il ne voyait pas d’opposition à le laisser aller à ce concert avec ses copains.
Les parents ont échangé et partagé leurs craintes et leurs attentes et se sont mis d’accord sur une autre valeur qu’ils avaient en commun : la responsabilité. Ils ont donc accordé à leur fils de sortir à ce concert, à condition qu’il appelle en arrivant et qu’il rentre avec ses copains avant minuit à la maison.
Dans l’intérêt des enfants comme des parents, vous devez à tout prix privilégier le dialogue. En échangeant avec votre conjoint vous aurez une vision commune de ce que vous souhaitez pour vos enfants. Mais si le couple doit faire front commun devant les enfants, ils peuvent aussi leurs montrer qu’ils n’étaient pas tout à fait d’accord dans un premier temps et qu’ils ont réussit à faire des compromis. Lorsque les attentes sont communes aux deux parents, elles sont mieux suivies par l'enfant.
« Il faut leur apprendre qu’il peut y avoir des différences, mais que, quoiqu’il arrive, on respecte la position de l’autre. Que l’on vive ensemble ou séparés, il faut toujours donner de l’importance à l’autre, lui laisser une place. »
Paulo, papa de deux enfants de 5 et 9 ans.
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